Un vent de réforme souffle sur la fiscalité immobilière. Le 30 juin 2025, un rapport parlementaire ambitieux a été remis à la ministre du Logement. Son objectif ? Réconcilier les investisseurs avec la location nue, en la rendant fiscalement aussi attractive que la location meublée. Ce "nouveau statut du bailleur privé" pourrait entrer en vigueur dès 2026, avec plusieurs mesures de rupture. Voici ce qui pourrait changer… si le Parlement suit.
Jusqu’ici, seule la location meublée permettait de pratiquer l’amortissement comptable, un avantage fiscal réservé aux LMNP au régime réel. La réforme en discussion propose une avancée majeure : ouvrir cette possibilité à la location nue, tout en renforçant le régime micro-foncier. Objectif : rééquilibrer les régimes et relancer l’investissement locatif de longue durée.
⚠️ Ces nouveaux dispositifs s’appliqueraient uniquement aux biens acquis ou mis en location à partir du 1er décembre 2025.
La mesure centrale consisterait en la mise en place d’un amortissement fiscal forfaitaire annuel du bien, pour les logements loués en longue durée. Cela permettrait aux bailleurs relevant du régime réel de déduire chaque année une fraction de la valeur de leur bien, en plus des charges classiques (intérêts d’emprunt, taxe foncière, travaux, assurances…).
Les taux proposés sont :
Ce nouveau cadre fiscal permettrait ainsi de réduire fortement, voire d’annuler l’imposition sur les loyers pendant 20 ans, à l’image de ce que permet déjà le régime LMNP réel en location meublée.
Le régime forfaitaire bénéficierait également d’un ajustement significatif. L’abattement fiscal serait porté à 50 % des loyers, dans la limite de 30 000 € par an (contre 15 000 € actuellement). Les bailleurs dépassant ce seuil basculeraient automatiquement vers le régime réel.
Ce dispositif serait en outre bonifié pour les locations à vocation sociale : l’abattement atteindrait 65 % en cas de loyer dit « très social », renforçant ainsi les incitations à louer à prix modéré.
Le rapport propose une majoration de l’amortissement si le propriétaire accepte de louer à des prix abordables. Selon le type de loyer pratiqué :
Ce mécanisme permettrait de récompenser les bailleurs qui contribuent à la mixité sociale, tout en renforçant leur rentabilité nette.
Aujourd’hui, les bailleurs peuvent imputer un déficit foncier (charges supérieures aux loyers perçus) jusqu’à 10 700 € par an sur leur revenu global. Ce plafond passerait à 40 000 €.
Ce coup de pouce vise à favoriser les travaux de rénovation, notamment énergétique. Les propriétaires ayant de lourdes dépenses (isolation, toiture, mise aux normes…) seraient ainsi mieux armés pour absorber le coût initial.
Autre nouveauté d’envergure : les biens loués comme résidence principale, respectant le nouveau statut, pourraient sortir de l’assiette de l’impôt sur la fortune immobilière (IFI).
Cela permettrait aux investisseurs de ne pas être pénalisés pour leur contribution au marché locatif. Pour mémoire, l’IFI concerne les patrimoines immobiliers nets supérieurs à 1,3 million d’euros, avec un barème progressif allant de 0,5 % à 1,5 %.
Le rapport préconise d’aligner la durée de détention exonératoire sur la période d’amortissement. Ainsi, après 20 années de location longue durée, le bailleur serait exonéré d’impôt sur la plus-value, y compris les prélèvements sociaux.
Actuellement, l’exonération totale n’intervient qu’après 22 ans pour l’impôt sur le revenu et 30 ans pour les prélèvements sociaux. La réforme viendrait ainsi raccourcir considérablement la fiscalité de sortie.
Le statut du bailleur privé est encore au stade de la proposition. Rien n’est voté. Le gouvernement devra intégrer (ou non) ces mesures dans la loi de finances 2026, dans un contexte budgétaire contraint : 40 milliards d’économies sont attendus.
Les députés auteurs du rapport, Marc-Philippe Daubresse et Lionel Causse, misent sur les recettes générées par une reprise de l’investissement locatif pour compenser les pertes fiscales : TVA sur la construction et la rénovation, emplois induits…
Autre précision importante : seuls les investissements réalisés à partir du 1er décembre 2025 seraient éligibles aux nouveaux avantages. Les projets en cours ou passés resteraient soumis aux régimes actuels.
Le rapport parlementaire marque une inflexion historique dans la vision de la location nue, longtemps défavorisée par rapport à la location meublée. Si ces mesures sont adoptées, elles pourraient rééquilibrer le jeu et relancer l’attractivité du parc locatif classique.
Mais prudence : le chemin législatif est encore long, et ces propositions devront franchir l’épreuve de l’examen budgétaire. En attendant, les investisseurs ont intérêt à rester à l’écoute, car 2026 pourrait bien être l’année d’un nouveau départ fiscal pour la pierre.
Co-fondateur d'INC, Agent immobilier. Proche de ses clients depuis plus de 20 ans.