Le marché de l’immobilier neuf traverse une crise majeure : chute des mises en chantier, effondrement des permis de construire et désengagement des investisseurs. Dans ce contexte, le rapport Daubresse-Cosson, remis le 30 juin 2025 à la ministre du Logement Valérie Létard, propose une série de mesures ambitieuses pour relancer l’investissement locatif et sécuriser la production de logements sur le long terme. Amortissement fiscal pour tous les logements loués, abattement sur les loyers de location nue longue durée, exclusion de l’IFI pour les biens mis en location, création d’un statut du bailleur privé… Autant d’outils destinés à redonner confiance aux investisseurs et à stimuler la construction neuve dès 2026.
Derrière ce rapport stratégique se trouvent deux élus aux profils complémentaires, apportant à la fois une vision nationale et une approche de terrain.
Sénateur Les Républicains du Nord, Marc-Philippe Daubresse n’est pas un novice dans le secteur. Ancien ministre délégué au Logement et à la Ville, il a déjà piloté de nombreuses réformes liées à la construction et à l’aménagement urbain. Sa connaissance fine des rouages administratifs et de la fiscalité immobilière en fait une voix respectée sur le sujet.
Fort de ses précédents mandats, il connaît les obstacles à la production de logements neufs : procédures administratives lourdes, manque d’attractivité fiscale et difficultés rencontrées par les investisseurs. Cette expertise donne au rapport une dimension stratégique et réaliste.
Député MoDem des Côtes d’Armor, Mickaël Cosson apporte une approche très concrète. Ancien maire et vice-président d’agglomération, il a été confronté aux problématiques locales de délivrance de permis de construire, d’aménagement du territoire et de concertation avec les habitants.
Professionnel des politiques d’aménagement en tant qu’ancien responsable en Direction départementale des territoires, il connaît les réalités opérationnelles de la construction : délais, contraintes réglementaires, besoins en infrastructures. Son rôle dans ce rapport est de traduire les ambitions nationales en solutions applicables sur le terrain.
Leur collaboration allie expertise nationale et connaissance locale. Cette complémentarité renforce la crédibilité du rapport Daubresse-Cosson et son potentiel d’application.
En confiant cette mission à ces deux élus, la ministre du Logement Valérie Létard a cherché à obtenir un cadre cohérent, équilibré et surtout applicable par les investisseurs comme par les collectivités.
Le rapport Daubresse-Cosson commence par dresser un état des lieux sans concession. Depuis plusieurs années, le secteur de la construction neuve connaît un net ralentissement, avec des chiffres préoccupants pour les professionnels comme pour les collectivités.
La production annuelle de logements est passée de 400 000 unités il y a quelques années à moins de 250 000 logements aujourd’hui. Les permis de construire, indicateurs avancés de l’activité, reculent eux aussi, fragilisant toute la chaîne de valeur : promoteurs, constructeurs, artisans et investisseurs.
Autre signal inquiétant : l’investissement locatif, jadis moteur de la production de logements neufs, s’effondre. Les particuliers se détournent de ce type d’investissement en raison :
Ce ralentissement est d’autant plus problématique que la demande en logements performants et accessibles reste très forte, notamment dans les zones tendues. Les auteurs du rapport soulignent que la France a besoin d’un parc immobilier neuf pour :
Pourtant, faute d’un cadre fiscal clair et incitatif, l’immobilier neuf est encore trop peu valorisé, aussi bien pour les accédants à la propriété que pour les investisseurs.
Le rapport Daubresse-Cosson ne se contente pas de dresser un état des lieux : il propose un véritable plan d’action pour relancer durablement l’investissement locatif, en particulier dans l’immobilier neuf. Voici les principales mesures qui pourraient changer la donne dès 2026.
La proposition phare du rapport consiste à instaurer un amortissement fiscal pour tout logement mis en location, qu’il soit neuf ou ancien rénové. Concrètement, le propriétaire pourrait déduire chaque année une partie de la valeur du bien de son revenu foncier, sur une durée de 20 à 25 ans.
Cette mesure, déjà pratiquée dans plusieurs pays européens, présente plusieurs avantages :
Pour l’immobilier neuf, l’effet attendu est immédiat : même avec des taux d’intérêt élevés, la rentabilité redeviendrait attractive et encouragerait de nouvelles opérations de construction.
Le rapport propose également un abattement fiscal de 40 à 60 % sur les loyers perçus, à condition que le logement soit loué nu pour une durée minimale de 6 à 9 ans. Cette mesure vise à rééquilibrer l’attractivité de la location nue par rapport à la location meublée (LMNP).
Les bénéfices attendus sont multiples :
Autre avancée majeure : le rapport recommande de sortir de l’Impôt sur la Fortune Immobilière (IFI) les logements loués de manière pérenne. Cette mesure enverrait un signal fort : les patrimoines qui contribuent à loger les Français ne seraient plus pénalisés fiscalement.
Concrètement, cela pourrait :
Pour articuler l’ensemble de ces mesures, le rapport préconise la création d’un statut du bailleur privé. Ce statut reconnaîtrait officiellement le rôle économique et social de l’investisseur particulier, sur un modèle similaire à celui des agriculteurs ou des bailleurs sociaux.
Ce statut inclurait :
En contrepartie, les bailleurs s’engageraient sur :
Ce statut, proposé sur une base volontaire, apporterait visibilité, confiance et lisibilité à l’investissement locatif et pourrait séduire de nombreux particuliers hésitants.
Les propositions du rapport Daubresse-Cosson ne sont pas de simples ajustements techniques : elles constituent un véritable changement de paradigme. Elles visent à restaurer la confiance des investisseurs et à rendre le marché de l’immobilier neuf à nouveau attractif.
L’un des freins majeurs à l’investissement locatif était la complexité des dispositifs existants (Pinel, Denormandie, etc.) et leurs conditions fluctuantes. Avec un amortissement fiscal clair et un abattement stable, les investisseurs disposent enfin d’un cadre prévisible sur plusieurs décennies.
En ouvrant l’amortissement à tous les logements locatifs, qu’ils soient neufs ou anciens rénovés, le rapport encourage l’amélioration de la qualité énergétique du parc. Cela favorise :
L’abattement sur les loyers perçus pousse les propriétaires à signer des baux longs, ce qui contribue à :
La combinaison de ces mesures envoie un signal clair : l’État veut soutenir les investisseurs privés et institutionnels. Résultat :
Enfin, ces mesures donnent un avantage décisif au neuf : même s’il reste plus coûteux à produire, il est plus vertueux écologiquement et mieux adapté aux besoins des ménages. En dynamisant la demande, le rapport favorise :
Si l’État peut impulser un cadre fiscal attractif, ce sont les collectivités locales qui restent les véritables chefs d’orchestre de la production de logements, car elles délivrent les permis de construire et gèrent l’aménagement du territoire. Le rapport Daubresse-Cosson insiste donc sur la nécessité d’une collaboration renforcée entre l’État et les élus locaux.
Les auteurs du rapport recommandent de mettre en place un pacte logement local entre l’État, les régions et les communes. L’objectif : aligner les politiques nationales et locales pour fluidifier la construction de logements neufs.
Ce pacte inclurait :
Le rapport souligne qu’un marché de l’immobilier neuf dynamique permet de mieux répartir la population sur le territoire, de revitaliser les centres-villes et de limiter l’étalement urbain. Les collectivités y voient donc un double intérêt :
En résumé, le rapport appelle à faire du logement neuf un véritable projet de territoire, associant acteurs publics et privés dans une logique de co-développement.
Les mesures proposées dans le rapport Daubresse-Cosson ne resteront pas lettre morte si elles sont intégrées au Projet de Loi de Finances (PLF) 2026. Ce texte budgétaire annuel fixe les grandes orientations fiscales et pourrait devenir le véhicule législatif de la relance de l’investissement locatif.
Le PLF 2026 suivra le calendrier classique :
Le gouvernement a annoncé vouloir « aller vite et fort » sur le logement. Si les recommandations du rapport sont retenues, elles pourraient être mises en œuvre dès janvier 2026, permettant un effet immédiat sur le marché.
Les professionnels de l’immobilier et les investisseurs particuliers attendent un cadre fiscal stable depuis plusieurs années. L’intégration de ces mesures dans le PLF serait un signal positif pour :
Au-delà des propositions techniques, le rapport Daubresse-Cosson ouvre de nouvelles perspectives pour les promoteurs, les bailleurs et les collectivités. Ces mesures, si elles sont adoptées, pourraient redessiner le paysage de l’investissement immobilier en France.
Pour les professionnels de l’immobilier, ce nouveau cadre fiscal pourrait :
Pour les investisseurs particuliers, c’est aussi l’occasion de :
Malgré ces opportunités, certains points méritent attention :
Les investisseurs avertis peuvent déjà :
Pour les professionnels, il est temps de :
Le rapport Daubresse-Cosson marque une étape importante pour redonner confiance aux investisseurs et relancer la construction de logements en France. En proposant un cadre fiscal simple, lisible et durable, il répond à la fois aux attentes des bailleurs et aux besoins de logements abordables pour les ménages.
Les mesures phares – amortissement fiscal généralisé, abattement sur les loyers, exclusion de l’IFI et statut du bailleur privé – pourraient redonner de la visibilité et de la stabilité à l’ensemble du secteur. Pour les collectivités, c’est aussi une opportunité de repenser l’aménagement du territoire et de favoriser la densification raisonnée.
Il reste désormais à transformer ces recommandations en décisions politiques et à inscrire ces mesures dans le Projet de Loi de Finances 2026. Si tel est le cas, le marché de l’immobilier neuf pourrait connaître un véritable rebond dès 2026, offrant aux investisseurs comme aux promoteurs un environnement propice pour bâtir les logements de demain.
Un signal fort est attendu : la relance du secteur passera par la confiance, la stabilité et l’engagement des pouvoirs publics.